Por Jaqueline Lacombe
Quand nous sommes
arrivés, 14 Sarladais, à la Escuela Oficial de Idiomas de Logroño, le
vendredi 27 avril à 5 h, nous avons été accueilis par le Directeur de l'Ecole,
les Professeurs et les étudiants qui nous attendaient. La rencontre fut très
cordiale, beaucoup se connaissaient déjà puisqu'ils s'étaient rencontrés l'an
dernier
Nous nous sommes
tous dirigés vers le Salón de Actos devenu théâtre pour l'occasion: Une charla-espectáculo
était prévue pour la nouvelle rencontre 2012, préparée pour établir à nouveau
le contact des Français avec la Rioja, présentée par des Riojanos de souche et
de coeur
l'un deux,
anthropologue, Carlos Joaquín Martínez Martínez nous a parlé de la formation
géologique de la Rioja, introduisant son propos en brandissant bien haut un
fossile qui attira toutes les attentions. Ce fossile, il l'avait trouvé sur un
des sommets dominant la région...
il nous
conduisit, à l'aide de plans et de cartes, du début de la formation terrestre,
passant par la dérive des continents et la présence de la mer dans la Rioja,
puis le retrait de cette mer au moment d' un soulèvement du sol lors de la
formation des Pyrénées, jusqu'à nos jours, tout en évoquant les changements
climatiques et l'évolution de la vie ...tout un voyage dans le temps qui a
apporté des réponses à nos propres questions.
Un poète, Julio
Arnaiz a mis en valeur l'âme de la Rioja dans ses poèmes dont le recueil Algo
de mî sera relu en France.
Michel García,
auteur compositeur bien connu dans son pays, nous a donné une idée de son
répertoire musical à la guitare et celui de ses chansons, utilisant parfois
l'accompagnement de deux coquilles St Jacques qu'il faisait se joindre et
s'entrechoquer légèrement, rappelant ainsi le grelottement des castagnettes...
Quant à Federico
Soldevilla, "expert en thèmes riojanos", il est parti d'une série de
diapositives pour évoquer Logroño et son évolution dans le temps, au bord de
l'Ebre et sur le chemin de St Jacques
Il ne faut pas
oublier le passage sur scène de la papillonnante et légère Gloria, professeur
de danse classique, élève de l'Ecole de langues, qui, tel un clown blanc,
a donné une réplique brève et quelquefois à contre-temps bien étudié, aux
quatre intervenants tout en les présentant....ce fut une charmante symphonie,
un accueil des plus joyeux, des plus sensibles et tout se termina par la
distribution d'un cadeau de bienvenue aux Sarladais: une bouteille de vin de la
Rioja, bien sûr, à l'étiquette de
"Escuela Oficial de Idiomas"
" El fuero de Logroño",
1987-2012
25 Aniversario
...un crû sélectionné pour le 25ème anniversaire de l'existence de
l'Ecole, bien présenté dans sa bouteille au cachet de la Rioja et le tout dans
un super-emballage de tissu toile cirée couleur vin à l'intitulé couleur or de
l'Ecole...Élégance et classe.
Nous sommes
partis ensuite vers la vieille ville où un rendez-vous avait été pris par nos
correspondants avec un artisan "botero", fabricant de
"botas", c'est-à-dire de gourdes en cuir pour le voyageur à pied, le
pélerin de St Jacques ou toute autre personne amateur d'objets confectionnés
dans la tradition.
Puis ce fut la
visite de l'Eglise St Jacques (Santiago) dans la tour de laquelle nous avons
gravi les 80 escaliers nous menant à l'"extrados"de la voûte. Après
avoir gravi les dernières marches, les visiteurs ont eu accès à une terrasse
d'où ils ont pu voir la ville dans son ensemble.
Nous nous sommes
rendus ensuite à la "Sidrería San Gregorio", restaurant en voúte
toute revêtue intérieurement de briques fines rouges, ancienne cave installée
dans la vieille muraille de la ville...élégant et imposant, mais aussi
succulent, servant , bien sûr, des plats de la Rioja, où le "jamón
ibérico" côtoie le "chorizo a la sidra" et "la morcilla al
vinagre de Jerez".
Le lendemain fut
un jour d'excursion. Le but fut Santo Domingo de la Calzada, étape importante
sur la route de St Jacques de Compostelle qui accueille, dans son prestigieux
parador aux harmonieuses arcades gothiques, des hôtes argentés, alors qu'à
l'origine, il était une auberge hôpital d'accueil pour le tout-venant pélerin
harrassé..
La cathédrale,
fraîchement restaurée et mise en valeur nous a ménagé un moment de lente
contemplation et de ravissement des yeux et de l'esprit, assis devant le choeur
tout en écoutant un jeune guide frais sorti d'une école des Beaux-Arts qui
évoqua fort clairement et fort intelligemment l'histoire du monument .
Santo Domingo de
la Calzada transmet de génération en génération l'histoire d'un miracle
médiéval où le saint serait intervenu pour sauver de la mort un jeune pélerin
condamné à tort au gibet pour vol, et dans cette belle histoire, un coq et une
poule rôtis seraient revenus à la vie pendant un repas, confondant le juge...la
cathédrale veille sur un couple de gallinacés placé dans un joli poulailler
bien sculpté, bien à la vue de fidèles...
On ne peut
oublier, dans cette mémorable excursion, le rôle de présentatrice et
d'animatrice de Carmen Soto, heureuse de nous parler de la petite ville de
Santo Domingo de la Calzada où elle est née, des légendes du chemin de St Jacques,
en particulier celle de la poule et du coq miraculés, heureuse de chanter les
chansons de sa jeunesse et de fêtes avec ses amis de là-bas...Elle est allée
jusqu'à danser devant nous et à entonner les chants de David Moreno, le
propriétaire de las Bodegas, lui donnant la note du départ...un vrai
boute-en-train, elle était l'âme du voyage ce jour-là. Merci Carmen:
Passant par
Ezcaray, "village enchanteur", aux rues bordées de "soportales (
galeries) de pierre et de bois, nous avons vu un atelier de tissage artisanal
de laine de belle qualité ...un moment de rêve de confort .
Puis, La Rioja
oblige, nous sommes entrés dans "las bodegas" (les caves) de David
Moreno, héros vivant de légende, par sa réussite malgré les difficultés, par
son obstination, infatigable dans son travail de "cata" ( il
goûte les vins), irrésistible par sa bonne humeur et ses chansons...une
rencontre d'une grande rareté.
Le repas s'est
pris dans ses caves et nous y avons goûté les délicieuses "patatas a la
riojana" accompagnant les "chuletillas al sarmiento" ( la vigne
était au rendez-vous avec ses "sarmientos" - sarments-)
Puis ce fut la
visite du monastère cistercien de Cañas où les vitraux de l'église sont
remplacés par de l'albâtre qui laisse passer une lumière blanche, "la
lumière divine".
La rencontre,
ensuite, avec un "alfarero" (potier) de formes traditionnelles,
nous a permis de voir des grandes cruches de sorcières ( nous avons su le
détail par le récit du potier, qui a passé sa vie à recueillir les
traditions potières et par un visage de sorcière enchassé dans la pâte).
Un coup d'oeil
fut jeté en passant sur une architecture étrange : le cimetière de Navarrete,
non loin de l'atelier de potier, a un mur d'enceinte constitué des éléments
d'une église romane en ruine: l'entrée du cimetière est le portail de cette
église. dans le mur se retrouvent encastrés, le bénitier, les colonnes...
Le repas du soir
s'est pris avec les amoureux des bonnes tapas bien rebondies, aux noms
pittoresques et gourmands : "pinchos matrimonios", "Zapatillas
de jamón con tomate" ...tout cela dans une atmosphère de brouhaha assourdi
des conversations diverses et animées, dont on n'entendait que le roulement des
voix entremêlées.
Le séjour
s'arrêta au lendemain, le troisième jour à Logroño
Pour terminer ce
séjour riche en rencontres et découvertes, Ana Merino, notre correspondante
responsable à Logroño nous avait ménagé une lente promenade au bord de l'Ebre,
légèrement en crue, qui nous a permis de "décanter " les
impressions et de prendre conscience que la ville a ses cigognes, ses
promenades, un musée fort joli installé dans un ancien abattoir au bord de
l'Ebre, dont on a su rétablir l'élégance par une restauration fort
réussie...Beaucoup ont pu y admirer des photos d'art d'oiseaux courants ou
moins courants dont les couleurs extraordinaires étaient révélées, parce que
fixées sur une pélicule, alors que l'oiseau en mouvement ne permet pas toujours
de les voir.
Encore un repas,
ensuite, nous a réunis: c'était le repas de la "despedida",
l'au-revoir, où une surprise nous attendait: celle de "tirer au
sort" l'heureux propriétaire de la bota avec laquelle il a fallu apprendre
à boire...
Evidemment, une
rencontre de ce genre a tout l'attrait de la découverte et de l'amitié d'un
accueil cordial et chaleureux. Le côté positif de la chose, c'est aussi et
surtout les liens qui se sont noués entre les correspondants. Le besoin
de correspondre par E-mail ou par téléphone s'est fait ressentir toute l'année
et les progrès dans la langue de l'autre pays sont devenus nettement palpables
chez tout un chacun.
Il a plu?, il a fait froid cette année? ...comme dans toute
l'Europe, mais, comme dit Yvette, le soleil au coeur était dans l'amitié.